L'origine du projet

De notre première rencontre avec Anne, nous gardons le souvenir d’une dame souriante et volontaire qui nous explique très simplement les raisons de son handicap : une dégénérescence osseuse qui la conduit à se déplacer en fauteuil depuis 4 ans, des problèmes cardiaques et une insuffisance rénale qui nécessite une dialyse tous les 2 jours. Alors qu’elle était encore en activité professionnelle, elle nourrissait le projet de faire un pèlerinage jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle, mais la retraite venue, ses problèmes de santé ont mis un coup d’arrêt à ce projet.

D’où son message :

« Faites tout ce que vous pouvez faire dès que vous le pouvez !»

Cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle renonçait à toute forme de voyage. Au contraire, elle décidait d’entreprendre une aventure similaire. Comme l’a écrit Hellen Keller dans son autobiographie :

« On ne peut jamais consentir à ramper quand on a envie de s'envoler »

Mais que faire puisque le périple en Galice n’était plus possible ? Et puis un jour, ou plus exactement pendant une nuit d’insomnie, le film de Claude Lelouch « La Belle histoire » lui revient en mémoire. Dans ce film, une jeune femme décide, après un accident, de se rendre en fauteuil roulant jusqu’à Lisieux. Et là, c’est une révélation pour Anne :

« J’irai à Lisieux ».

Décidée à surmonter les obstacles posés par sa maladie et son handicap et se qualifiant elle-même d’ambassadrice du courage et de l’effort, elle restait déterminée à réaliser son rêve. Son projet, déraisonnable pour beaucoup, devenait possible dès lors qu’elle avait l’aval de son médecin : « je suis folle, mais raisonnablement » ajoutait-elle.

Ses objectifs

« Avec ce parcours, je veux d’abord sensibiliser les pouvoirs publics et le public en général au handicap et aux difficultés auxquelles sont confrontées les personnes à mobilité réduite. »

Anne voulait aussi exprimer sa reconnaissance et sa gratitude aux personnels hospitaliers qui accompagnent et soutiennent les patients. Enfin, se souvenant que pendant la 1èreguerre mondiale les soldats américains étaient soignés à l’hôpital Foch, elle souhaitait accomplir un devoir de mémoire envers tous les jeunes soldats morts au combat.

Après une cérémonie le 5 septembre au cimetière américain de Suresnes, elle terminerait son périple à celui de Colleville-sur-Mer.

Pour notre club, l’organisation du projet constituait un pari audacieux, mais le courage et la volonté d’Anne nous ont convaincus de le relever. De plus, le principal objectif de son projet, la sensibilisation au handicap, correspondait à l’un des trois axes prioritaires de nos activités. Et enfin, la devise de Melvin Jones et donc la nôtre, n’est-elle pas :

« On ne peut aller bien loin dans la vie si l'on ne commence pas par faire quelque chose pour quelqu'un d'autre ».

La décision prise, nous avons considéré que cette action ne serait pas l’action du seul Club de Suresnes.

Ce serait une action commune qui, en associant tous les Lions Clubs sur le parcours, mettrait en lumière l’engagement des Lions pour le handicap et la solidarité. Pendant plus de 6 mois, la préparation, émaillée de nombreuses difficultés, a abouti à un formidable élan de solidarité autour du projet d’Anne Morelli-Jagu, malgré une situation sanitaire qui ne facilitait pas la mobilisation.

La « Team Fauteuil », comme nous l’avons appelée, s’est attelée à faire et refaire le parcours, à rassembler les fonds nécessaires au financement de l’opération (recherche de sponsors, organisation d’une tombola solidaire avec les commerçants de Suresnes et d’une collecte participative). Malgré les interrogations et les incertitudes au moment du lancement du projet, nous avons réussi à fédérer plus de 20 clubs des districts d’IDFO et de Normandie. Ces clubs nous ont aidé financièrement, ou en organisant des manifestations d’accueil avec les municipalités des villes étapes. Chaque manifestation se voulait un hommage au courage et à la personnalité d’Anne, mais aussi une confirmation de l’engagement des municipalités pour la cause des personnes en situation de handicap. Ce fut aussi pour elle l’opportunité d’exprimer son désir de faire évoluer le regard sur le handicap :

« Chaque jour, je croise des regards qui sont des regards de compassion, ou qui me disent que je suis une charge pour la société. Avec ce projet, ce sont ces regards que je veux faire évoluer ».

Ces marques de soutien ont été une formidable surprise et une expérience bouleversante pour Anne qui n’imaginait pas recevoir de tels témoignages des Clubs et des Municipalités. Ce fut particulièrement vrai à Omaha Beach où Anne, a pu réaliser son rêve : lancer des fleurs dans la Manche, en hommage aux jeunes soldats fauchés avant d’avoir touché le sol de France. Enfin, le Surintendant du cimetière américain de Colleville sur Mer lui a rendu un hommage appuyé en lui remettant, événement rare, un drapeau américain dans son pliage traditionnel de 13 plis, avant de faire exécuter par les carillons du Mémorial les hymnes américains et français. Toutes ces manifestations furent pour Anne l’opportunité d’exprimer sa volonté de faire évoluer le regard sur le handicap :

« Chaque jour, je croise des regards qui sont des regards de compassion, ou qui me disent que je suis une charge pour la société. Avec ce projet, ce sont ces regards que je veux faire évoluer ».

Médico LCF et la Croix Rouge ont apporté un soutien inestimable à notre opération. Anne a été suivie par un véhicule de secours et 4 bénévoles de la Croix rouge (dont 2 en vélos) qui garantissaient sa sécurité. Le camion de Médico Lions a assuré le transport des fauteuils et des vélos et, au fur et à mesure des étapes, a collecté plus de 22000 lunettes.

La mobilisation pour Un fauteuil sur la Route reste la fierté du Club de Suresnes qui remercie chaleureusement tous les Lions. Ils ont donné un retentissement inespéré au projet qui a atteint ses objectifs au-delà de toutes les attentes. Grâce à tous ces soutiens, nous avons vécu une extraordinaire aventure humaine et nous les remercions tous de s’y être associés.

Enfin, nous remercions les médias locaux et nationaux pour leur exceptionnelle couverture à chaque étape de notre périple.Le nombre important de reportages réalisés est une preuve supplémentaire de l’intérêt suscité par le thème du handicap porté par la personnalité d’Anne.

Cette opération a démontré, si besoin était, la capacité des clubs Lions à se rassembler pour mener à bien une action d’ampleur, pour défendre la grande cause des personnes en situation de handicap.

LISTE DES LIONS CLUBS DES VILLES ÉTAPES :

Poissy Doyen - Poissy Blanche de Castille - Poissy Pincerais - Maule Epone/Vallée de la Mauldre - Mantes la Jolie - Mantes Val de Seine - Pacy sur Eure - Pacy Vallée de l’Eure - Evreux Doyen - Evreux les cent ponts - Evreux Pré Margot - Evreux Voie Nouvelle - Louviers/le Neubourg - Lisieux – Bayeux.

LISTE DES LIONS CLUBS PARTENAIRES :

Boulogne Billancourt L’Innovante - Rueil Malmaison - Neuilly Bord de Seine - Saint Cloud/Garches/Vaucresson - Sèvres/Ville d’Avray - Asnières Bois Colombes - Gennevilliers Port de Paris - Courbevoie La Défense - La Garenne Colombes - Villeneuve La Garenne.